Lorsqu’on arrive dans un nouveau contexte - nouvelle région, nouvelle route, nouvelle organisation, etc. - on a toujours besoin de s'y repérer. Pour répondre à ce besoin, on a inventé les cartes et les plans. On en a pour la navigation, pour la météo,, pour l’électricité dans son logement, pour les stations essence, pour une organisation…. Bref pour tout.
Nos métiers de l’informatique ne font bien sûr pas exception, et il existe également une représentation du système d’information. Malheureusement, ces cartographies sont souvent hétérogènes, incomplètes et non partagées, à tel point qu’on finit bien souvent par construire ses propres schémas du SI lorsqu’on arrive sur un programme ou un projet. Ce constat n’est heureusement pas une fatalité et la cartographie peut effectivement être cette référence dont on a tant besoin au démarrage d’un projet.
Comment structurer la cartographie ?
Pour réussir à cartographier le SI, le plus important est la mise en place de ce qu’on appelle la convention/charte de modélisation. Travailler cette convention/charte permet de se rendre compte qu’on ne peut pas tout représenter sur la même carte et qu’il faut systématiquement se poser la question de la destination de la cartographie : « Dans quel but souhaite-on cartographier ? »
Chez Ippon nous avons la conviction qu’il faut partir du besoin et des cas d’usage pour obtenir un consensus sur les typologies de représentation. Pour chacune des cartes, on pourra alors se mettre d’accord sur des points d’intérêts. Par exemple, on pourra représenter les isobares sur une carte météo, les obstacles à la navigation sur une carte marine, les fonctions/capacités sur un plan d’occupation des sols, les zones réseau sur une carte du réseau ou les pompes à essence sur une carte des stations-services mais jamais tous ces mêmes points d'intérêts sur une même carte.
Les deux cartes du havre, l'une maritime et l'autre routière, représentent le même endroit mais pour des usages différents, elles n’ont donc pas les mêmes points d’intérêts et sont même complémentaires.
Une fois les points d’intérêt définis, on peut alors les préciser en leurs attribuant un symbole pour qu’il soient visibles sur un diagramme, une liste d’attributs (Pression, profondeur de l’obstacle, domaine fonctionnel, bande passante minimale, type de carburant) et des liens que les points d’intérêt peuvent avoir entre eux (relation d’échange, inclusion, superposition, etc.)
Comment faire adopter les pratiques de cartographie aux parties prenantes ?
Pour faciliter l’adoption de la convention/charte, la preuve de valeur sur un cas d’usage test en amont du projet de cartographie est souvent la clé. Cela permet ensuite d’amener l’ensemble des parties prenantes à la table de rédaction pour co-construire le document. Un catalyseur pour la mise en place d’une activité de cartographie est souvent un projet avec une forte visibilité. Ce projet peut-être métier ou technique comme par exemple un projet refonte d’une fonction majeure de l'entreprise (CRM, ERP, système cœur de métier), la gestion de de l’obsolescence et des vulnérabilités, une analyse d’impact lors de la digitalisation de processus ou une réponse à une obligation de documentation réglementaire du SI, etc. Ce projet catalyseur peut être également associé à une transformation globale mêlant des aspects des projets cités précédemment.
De quels moyens doit-on se doter pour soutenir l’activité de cartographie ?
Une fois la convention/charte adoptée, il faut qu’elle vive et se mette à jour au fil de l’eau. Pour cela, le meilleur moyen est d’inclure les documents de cartographie dans les projets. Chaque vue doit être utilisée en fonction de sa destination et de ses points d'intérêts définis (la vue infrastructure pourra être revue en comité d’architecture, les logigrammes seront une base de travail en atelier de cadrage métier, pas de déploiement si les vues applicatives et infrastructures n’ont pas été mises à jour, etc.). Cela permet de rendre les livrables de cartographie incontournables et directement inclus dans les livrables de la méthode de delivery projet.
En termes d’organisation, plusieurs solutions sont possibles : une organisation centralisée autour de l’équipe d’architecture ou une organisation décentralisée. Une organisation centralisée demandera une charge importante aux équipes d’architecture et donnera peu d’autonomie aux autres équipes mais garantira une connaissance fine des interactions des différentes couches du SI par les équipes d’architecture. Une organisation décentralisée, quant à elle, demandera moins de charge pour les équipes d’architecture qui devront gérer une communauté de contributeurs permettant aux autres équipes d’être en autonomie sur leurs vues respectives, en revanche cela demandera de former les équipes à la modélisation.
Enfin, la mise en œuvre de la charte peut-être plus ou moins complexe suivant les besoins de représentation des parties prenantes. Souvent prendre un outil du marché est une bonne solution. Il existe des outils de modélisation open source ou propriétaires. Les outils open source permettent de mettre en œuvre une convention/charte de modélisation avec des vues standards et peu d'interaction avec le reste du SI. Les outils propriétaires, pour la plupart disponibles en SaaS mais aussi On-premise, permettent un niveau de raffinement élevé pour gérer des conventions/chartes complexes avec des représentations très personnalisées. Les outils propriétaires facilitent l’intégration avec le reste du SI en proposant un ensemble de connecteurs standards pour consommer/alimenter des référentiels. Ils possèdent des possibilités de paramétrage et d’intégration avec le SI qui permettront de se concentrer sur les aspects de modélisation.
En conclusion, la cartographie au travers de la convention/charte de modélisation permet de partager la connaissance de l'entreprise de façon structurée, elle doit s’inclure dans l’organisation et les processus existants pour contribuer à la transformation de l’entreprise. Elle doit systématiquement être pensée en fonction d’une destination ou d’un usage. Une carte marine n’est utilisée que pour la navigation maritime mais pour circuler sur la terre ferme il existe des cartes routières, chacunes ont leur usage et les points d'intérêts qui en découlent, il ne nous viendrait pas à l’idée d’avoir une même carte pour ces deux usages. Il en est de même pour les représentations du SI, à chaque cartographie son usage !