Mardi 16 septembre dernier, notre équipe Ippon était de retour pour les 10 ans du Salon de la Data et de L’IA de Nantes. Cet événement phare de la place nantaise nous permet de nous informer sur les dernières tendances et de renforcer nos liens avec la communauté tech.
Voici un résumé de quelques conférences auxquelles nous avons assisté.
Datawalk : voyage aux sources de la donnée !
Chose étonnante, Zazie Casimir-Favrot et Matthieu Chatry nous ont donné rendez-vous non pas dans une salle, mais sur l'esplanade de la Cité des Congrès. Au programme de cet atelier : une promenade dans le quartier.

La Datawalk, ou promenade de données, est un concept venu de Belgique. Il s'agit d'une visite guidée qui vise à nous faire (re)découvrir le mobilier urbain devenu invisible dans notre quotidien, mais dont la composante numérique améliore notre vie de tous les jours.
Le premier arrêt nous a conduits devant une station de vélos en libre-service Naolib. Un employé de JCDecaux, la société exploitante, nous a expliqué son fonctionnement et les données collectées. Ils sont capables de savoir si un vélo est amarré à une station ou s'il est en cours d'utilisation. Cela leur permet de connaître la fréquentation des stations pour optimiser la redistribution des vélos, améliorer le maillage des stations et rendre des comptes à la Métropole. Mais n'ayez crainte, les vélos ne sont pas géolocalisés et JCDecaux prend la RGPD au sérieux : les trajets non facturés (d'une durée inférieure à 30 minutes) sont anonymisés, et ceux qui sont facturés sont purgés au bout de 3 ans.
La balade nous a ensuite menés devant un guichet automatique de banque (GAB) du CIC, où une employée du groupe Société Générale nous a livré quelques anecdotes. Une employée de la Société Générale devant un CIC, n'y a-t-il pas là un problème ? Pas quand on sait que les GAB des banques BNP Paribas, Crédit Mutuel, CIC et Société Générale seront tous regroupés sous la marque Cash Services.
Prochain arrêt : une station d'autopartage Marguerite. Ces voitures sont truffées de capteurs et, à la différence des vélos, elles sont géolocalisées, mais pas en temps réel.
Le quatrième arrêt nous a conduits dans une pharmacie. La pharmacienne nous a fait une démonstration de son robot préparateur. En plus de préparer les commandes, cette énorme machine, constituée d'un grand couloir bordé de deux étagères, range et indexe automatiquement les médicaments. Ainsi, les médicaments souvent prescrits ensemble sont colocalisés pour optimiser les déplacements. De plus, il gère seul les dates de péremption afin de limiter les pertes.
Nous avons terminé cette DataWalk par une touche culturelle, devant le Grenier du Siècle. Ce lieu est une gigantesque capsule temporelle où les Nantais ont déposé des objets en 1999, à destination de leurs descendants de 2100.
Cet atelier était une bouffée d’air (pur ?) parmi toutes les conférences sur l’IA générative et ses agents.
Shadow AI: Le paradoxe de la Reine rouge
Dans ce quickie Angéline Perennes et Mourad Bouallak nous parlent de l’utilisation de l’IA générative en entreprise.
Le «Shadow AI» désigne l’utilisation de l’intelligence artificielle en dehors du cadre autorisé ou défini par l’entreprise. Un phénomène de plus en plus fréquent, porté par la curiosité, le besoin de productivité et l’accessibilité des outils d’IA générative.
Ce constat fait écho au paradoxe de la Reine Rouge, tiré d’Alice au pays des merveilles : dans un monde où tout évolue très vite, rester immobile revient à reculer. Pour les entreprises, interdire purement et simplement l’usage de l’IA reviendrait à se mettre en retrait, au risque d’être dépassées par les concurrents.

Il devient donc essentiel de proposer un cadre clair, qui permette de profiter des avantages de l’IA (gain de temps, automatisation, assistance à la création, etc.) tout en limitant les risques. Ces risques sont bien réels : près d’un prompt sur douze contient des données sensibles, exposant les organisations à des violations du RGPD ou à des pertes de propriété intellectuelle.
Refuser l’usage de l’IA sans alternative crée souvent de la frustration chez les employés, qui chercheront à contourner les interdictions. La réponse n’est donc pas l’interdiction, mais la formation.
Des programmes comme Objectif IA (OpenClassrooms) permettent de sensibiliser les collaborateurs à un usage responsable et maîtrisé de ces outils, tout en accompagnant l’évolution rapide des pratiques professionnelles.
Table Ronde : L’IA au féminin en 2025
En début d’après-midi s’est tenue une table ronde d’une trentaine de minutes sur un sujet encore peu abordé lors du salon : la place des femmes dans le domaine de la data et de l’IA. Trois intervenantes aux parcours inspirants ont échangé sur leurs expériences, leurs visions du secteur et les défis, techniques comme moraux, auxquels elles ont fait et font toujours face en tant que femmes dans la tech.
Andrea Leylavergne, data scientist et directrice de l’association Women in Big Data, a ouvert le débat. Engagée depuis plusieurs années dans la promotion des carrières féminines dans la tech, elle milite pour une meilleure visibilité des femmes dans la data. Pour elle, la représentation est le premier levier de transformation pour que les choses évoluent dans le bon sens. Son action au sein de l’association vise justement à présenter des modèles auxquels les jeunes femmes peuvent s’identifier, en mettant en avant des parcours variés et ambitieux.
Parmi ces modèles, certaines femmes se montrent plutôt optimistes quant à l’avenir du féminin dans la tech, convaincues que les choses progressent. C’est le cas de Camille Marini, docteure en océanographie dynamique et aujourd’hui Director of Machine Learning chez Sonos. Pour elle, l’enjeu est avant tout d’encourager les étudiantes à se faire confiance et à oser les carrières techniques.
Plus tranchée dans ses propos, Fransceca Iannuzzi, Head of Data chez iAdvize, a évoqué sans détour les obstacles quotidiens rencontrés dans un milieu encore largement masculin. Elle raconte même, avec une pointe d’ironie, un épisode de mansplaining qu’elle a vécu à peine trente minutes avant le début de la table ronde. Il s’agit de ces situations dans lesquelles un homme explique à une femme quelque chose qu’elle sait déjà, voire dont elle est experte, souvent sur un ton paternaliste ou condescendant.

De ces échanges, un message clair ressort : les femmes ont toute leur place dans la data et l’IA, mais la bataille n’est pas que technique. La compétence n’a pas de genre, mais la confiance, elle, se construit. Comme le souligne Fransceca, il faut « redistribuer les cartes dès la crèche » : donner aux petites filles des modèles inspirants et apprendre aux petits garçons à écouter, à collaborer, à co-construire. Le débat s’est conclu sur une note d’espoir pour tous : quel que soit le genre ou le milieu social, l’essentiel est d’oser et d’y croire.
Lien vers les articles des années passées:
Une journée au salon de la data 2022
Une journée au salon de la data et de l'IA 2023
Une journée au salon de la data et de l'IA 2024