Voici quelques jours que la conférence 2017 de Paris est terminée. Ce jeudi 1er juin là, j’y étais, vous aussi ? Il faut qu’on parle.
Cette seconde session en quelques chiffres : 16 speakers, 12 talks, 2 salles et plus de 400 participants. Soit le double de l’année dernière, ce qui montre l’engouement pour le sujet du Product Management et de ses activités. L’organisation nous a déniché un lieu magique, la Grande Crypte sous l’église Saint Honoré d’Eylau en plein coeur du 16ème arrondissement de Paris. Un lieu que personnellement je ne connaissais pas.
Parlons un peu du casting et des sessions que j’ai pu voir.
La keynote d’ouverture sous forme d’interview a bien lancé la journée. Paulin Dementhon, CEO de Drivy, nous a expliqué la genèse de l’entreprise, son extension pragmatique à l’international, son organisation en Feature Team ainsi que de ses envies et opportunités autour de la voiture autonome. Sa crainte également qu’un Uber puisse devenir un Drivy, et l’éventuelle arrivée de ses redoutables concurrents américains sur le marché français. L’organisation avait mis en place l’application Wisembly pour poser les questions, idée de génie qui permettra de rendre fluide cette phase qui clôture chaque fin de session. A ma grande surprise, ce n’était que le début d’une longue journée, de très nombreuses questions portaient sur le thème de l’organisation des équipes et de l’entreprise. Ce thème sera récurrent dans plusieurs de mes sessions.
La seconde session de ma matinée était celle de Brian Crofts, VP Produit de Pendo. Rien de particulier à ajouter sur cette session, si ce n’est une question anodine à première vue et qui reviendra à plusieurs reprises dans les session suivantes. Vous savez cette question délicate et gênante où l’on fait semblant de ne pas l’avoir entendu afin de ne pas y répondre. Quelle est la différence entre un Product Manager et un Product Owner ? Brian a préféré parler de Product Leader, intéressant, cependant cette question est revenue par la suite dans d’autres sessions comme quoi il y a bien un malaise sur ce sujet précis.
Finalement nous arrivions à la pause déjeuner. Un repas simple et léger, qu’il fallait nécessairement clôturer avec une bonne glace et profiter d’une terrasse ombragée avec mes collègues.
Je démarrais cet après-midi là par une magnifique session et un speaker hors norme. Cela reste pour ma part LA session de cette conférence, celle de Luc Behar, CMO de Molotov TV. Une merveille. Difficile d’en faire un résumé de peur d’oublier quelque chose, tant la session était riche d’enseignement concernant les (contre)vérités sur le Product Management.
Je partage l’idée de Luc concernant le danger de réaliser des développements incrémentaux, la première priorité reste de corriger les anomalies et de supprimer les frustrations des utilisateurs avant même d’ajouter des nouvelles fonctionnalités. Il a fait allusion au framework AARRR (Acquisition, Activation, Retention, Referral, Revenue), très à la mode, notamment le haut de la pyramide (Acquisition, Activation) qu’il met plus en lumière que la rétention car un super produit bénéficie toujours du bouche à oreille. Également se poser les bonnes questions, notamment celle de savoir si l’on mesure bien l’activation et l’abandon ? Lorsque le client est parti, c’est trop tard.
La session suivante fut celle de Jean-Charles Samuelian, cofondateur et CEO de Alan. Cette startup a l’ambition de devenir leader du secteur de l’assurance santé (souvent appelée mutuelle). Avec une première levée de fond de 12 millions d’euros et une politique de pricing agressif via du hacking tarifaire chez les concurrents, l’entreprise a obtenu l’agrément officiel pour devenir une société d’assurance notamment via l’entrée au capital de CNP.
Le message de Jean-Charles est simple mais terriblement percutant et efficace, faire simple et vite dans un secteur sclérosé et compliqué. En cela le produit va servir l’acquisition, être à l’écoute des utilisateurs en proposant toujours plus de valeur sur l’intégralité de la chaîne. L’organisation de l’entreprise est inspiré de Google Ventures, cela fait le buzz, et semble tout de même assez bordélique. Objectif à la semaine, pas de Product Management, petite équipe où tout le monde fait tout. Est-ce que cela peut perdurer dans le temps ? A suivre.
La session suivante fut celle de Jessy Bernal et Florian Duchene, respectivement CTO et PM de Doctolib. Intéressante session, je suis moi même utilisateur du service, on apprend comment l’aventure a démarré avec la mise en place de la plateforme technique en moins de 3 mois, la réalisation des fonctionnalités basiques de prise de rendez-vous et de gestion de planning à minima puis la démarche de trouver 30 clients afin de pouvoir lever les fonds.
Après 3 ans d’ancienneté, 21 000 praticiens et 9 millions de patients. Un catalogue de quelques 300 fonctionnalités juste sur la fonctionnalité calendrier. Une organisation à taille humaine, 320 personnes dont juste 40 personnes à la DSI et seulement 10 développeurs. 4 équipes organisées en Feature Teams et une seule équipe Design transverse, des PO organisés sur les axes praticien et patient. Jessy avouera la complexité croissante et exponentielle du logiciel.
Intéressant, les deux speakers nous parlerons des 4 axes d’innovation à venir : organisation des cabinets, relation entre le patient et les praticiens, relation entre les praticiens via doctolib network et la gestion de la santé des patients.
Finalement la journée se termine par la keynote de clôture, encore une fois sous forme d’interview avec les deux co-fondateurs de Heetch, Teddy Pellerin et Mathieu Jacob.
Le retour d’expérience est intéressant car la solution part d’une idée toute simple, comment se déplacer la nuit dans la capitale. L’aventure démarre en 2013, l’idée est de mettre en relation des conducteurs et des particuliers pour se déplacer et ainsi partager les frais. La cible de départ, les 18-25 ans comme early adopters, pas de communication, pas de presse, juste le bouche à oreille.
La première version de l’application sort en septembre 2013 sous forme de marketplace, 2 communautés qui doivent grossir en même temps, celles des conducteurs et celles des passagers. Objectif prioritaire, acquérir des passagers. Le business model repose sur la mise en relation et le paiement d’une commission.
Le succès du début n’est pas le fait du produit, Heetch réalise plus de trajet que les autres tout simplement. Une part de chance aussi avoueront les deux fondateurs, et un bouche à oreille de folie. Ils seront sur le terrain, à la sortie des boîtes de nuit et des bars parisiens tous les vendredis, samedis et dimanches.
Cette conférence est un bon cru : une belle journée, une belle organisation, des sujets passionnants et des speakers pertinents. Pour autant, je dois reconnaître que j’ai quelques remarques. J’ai entendu, notamment lors des différentes pauses, que certains participants semblaient un peu déçus du contenu. Certes il y a beaucoup de storytelling et un peu de discours commercial, il faut le reconnaître, mais certains participants s’attendaient à plus de concret. C’est à dire de la méthode et des outils afin de se perfectionner. Est-ce le lieu pour cela ? Je pense que oui mais il faut préciser qu’il ne s’agit pas d’une conférence Agile.
Cette conférence doit exister et perdurer car nécessaire mais elle doit s’améliorer. Je serai fidèle au poste, présent. Je vous dis donc à l’année prochaine.