Votre clavier est sous-côté (3/3)
Le clavier. Un outil formidable, capable de faire le lien entre vos doigts et l’écran devant vos yeux. Un outil pourtant très imparfait depuis sa création.
Découvrons comment l’optimiser et le faire travailler avec vous.
Optimiser son clavier ?
Il ne s’agit pas de huiler le mécanisme de vos touches afin qu’elles glissent mieux — bien que ce soit aussi quelque chose de faisable. Optimiser un clavier, c’est faire en sorte que nos mains et nos doigts fassent le moins de mouvement possible, et ce, en réduisant au maximum les possibles séquelles et en restant le plus confortable possible.
Dans les articles précédents, nous avons vu comment réduire le mouvement de nos mains grâce aux différentes dispositions de clavier et comment aider notre cerveau à mieux localiser nos touches pour réduire le taux de fausse frappe.
Dans ce dernier article, nous allons explorer l’étrange monde des claviers tout en découvrant d’autres optimisations !
Départ du voyage : terrain connu
Si vous me lisez sur un ordinateur fixe, il est fort probable que vous ayez quelque chose comme cela sous vos yeux :
C’est ce que l’on appelle un clavier 100% — car il ne manque aucune touche. Ce clavier est le point de départ de notre odyssée.
Comme vous le savez, il est possible de retirer la partie tout à droite, c’est-à-dire les chiffres, si celle-ci vous est inutile :
C’est ce que l’on appelle un clavier TKL — TenKeyLess en anglais, voulant dire “10 touches en moins” en référence aux chiffres de 0 à 9.
Vous ne trouvez pas que les touches de navigation prennent beaucoup de place ? Voyons si on peut optimiser cet espace… :
C’est ce que l’on appelle un clavier 75%. Globalement, aucune touche n’a été retirée, nous avons juste gagné de l’espace.
À quelle fréquence utilisez-vous votre ligne de fonctions (les touches F1 à F12) ? Jamais ? Retirons-les :
Ceci est un clavier 65%. Nous avons retiré les touches F1 à F12 mais ces dernières restent accessibles grâce à la touche Fn.
C’est à partir de maintenant que nous entrons dans la micro-optimisation de notre clavier. En effet, si nous voulons continuer à augmenter notre vitesse de frappe, il faut réduire les trajets de nos doigts sur le clavier. La ligne des chiffres pose problème car pour l’atteindre, nous devons changer la position de nos mains. Pour la retirer, il va nous falloir utiliser des couches !
Les différentes couches sont accessibles via des modificateurs. Les modificateurs sont des touches qui permettent d’altérer les autres touches de notre clavier (couches). Par exemple, la touche Shift et la touche Fn sont des modificateurs. La touche Shift modifie nos lettres afin qu’elles soient en majuscules. La touche Fn permet d’accéder aux touches de fonction comme mentionné précédemment.
Voici un clavier 40%. Ici, les chiffres ont disparu au profit d’une touche modificateur supplémentaire.
Protégez vos mains !
Une utilisation trop forte du clavier peut provoquer de l’inconfort, voire même des douleurs aux mains et / ou aux bras sur la durée. C’est ce que l’on appelle des troubles musculosquelettiques.
Ces traumas sont dus à des répétitions de tensions, vibrations et compressions sur de longues périodes de temps. Non prises en compte, ces douleurs peuvent s’aggraver.
Aujourd’hui, et particulièrement dans la tech, nos mains représentent l’outil principal de nos métiers. Il est donc important de les protéger et de les écouter.
Gardez en tête que je ne suis pas un professionnel de santé. Pour plus d’informations, dirigez-vous vers votre médecin généraliste.
Vous l’aurez compris, votre clavier ne permet pas un positionnement sain pour vos mains et bien que le clavier ne soit pas le facteur majeur pour ce genre de blessure, il y a certaines choses que l’on peut faire pour aider à préserver nos mains.
Fin du voyage : terre inconnue
Comme mentionné dans le second article, nous pouvons utiliser une organisation ortholinéaire ou columnaire de votre clavier pour faciliter le travail musculaire de notre cerveau. Ces organisations sont évidemment déclinables en fonction de la taille du clavier (de 40% à 100%).
Vous remarquerez que dans le dernier modèle que je vous ai présenté ci-dessus (le TKL columnaire) certaines touches habituellement placées à la droite du clavier sont ici placées au milieu. Il y a une raison à cela. Les lettres les plus courantes étant habituellement placées au milieu de notre clavier, nos poignets se retrouvent souvent cassés, ce qui peut provoquer de graves séquelles sur la durée. C’est pour résoudre ce problème que ce modèle place des touches au milieu, ainsi laissant de l'espace entre les 2 moitiés de clavier pour que nos poignets restent droits.
Il existe pourtant une solution beaucoup plus simple. Séparer le clavier. En deux. Un pour chaque main. Cette solution peut s’appliquer à des claviers ortholinéaires, columnaires et classiques :
En bonus, vous pouvez placer un café ou un thé entre vos 2 claviers sans danger !
Certains claviers comme le Digma Raise ou le ZSA Moonlander ci-dessus utilisent un thumb cluster. C’est un regroupement de touches spécifiques au pouce, ainsi les deux pouces peuvent être utilisés pour différentes choses — autre que la barre espace.
La plupart des claviers séparés (mais pas tous) sont des claviers DIY — Do It Yourself, à monter soi-même en Français — grâce à une imprimante 3D, un kit de soudage, des connaissances en programmation, une pincée de passion et beaucoup de patience.
Ces claviers ont l’avantage d’être hautement personnalisables jusqu’aux touches elles-mêmes — Comme le Moonlander de ZSA.
Évidemment, vous pouvez pousser l’expérience un peu plus loin avec des claviers bien plus … éxotiques :
Ou alors pour les développeurs·euses parmi nous, avides de simplicité, le clavier Stack Overflow …
Mon expérience
Comme la plupart d’entre vous, mon premier clavier était un décalé-Azerty.
J’ai établi une première transition vers un décalé-Qwerty-Int* lorsque je suis entré en école de programmation. La transition n’était pas simple, mais c’était un mal pour un bien, car bien que les chiffres soient plus accessibles et les symboles, moins, j’utilise plus souvent les chiffres que les symboles.
* le variant international ou Intl du Qwerty permet d’écrire avec les charactères spéciaux de différentes langues dont le Français.
Depuis peu, j’établis une transition bien plus lourde pour un clavier séparé columnaire en Colemak-DH, le Moonlander de ZSA. Au niveau de la mémoire musculaire, c’est comme si je n’avais jamais utilisé de clavier. Je suis lent.
Je m'entraîne et tape 30min par jour avec ce clavier pour m’y habituer. Il faut s’armer de patience ! Cela dit, je remarque déjà que mon expérience de frappe est plus juste, plus confortable et surtout, j’adore taper avec !
Le cerveau est incroyable. Je suis toujours capable de taper sur mon clavier classique Qwerty-Intl, car les 2 dispositions sont si différentes l’une de l’autre que mon cerveau est capable de les distinguer clairement.
Imaginez passer de Qwerty à Azerty constamment, vous perdriez vos habitudes et vos repères sur les 2 dispositions. Mais par contre, si vous passez d'un clavier Qwerty à quelque chose de complètement différent (comme le Colemak) revenir au Qwerty sera plus simple.
Merci à tous·tes pour votre lecture et votre patience durant ces 4 dernières semaines. N'hésitez pas à re-partager ce contenu.
Merci à
Ippon Technologiespour le partage de ces articles et merci aux nombreux·euses relecteurs·trices!
Sources
- Article Wikipédia sur les troubles musculosquelettiques
- A Guide to Weird Keyboards — Vidéo YouTube par Gotham Does
- This Keyboard Changed My Life — Vidéo YouTube par Semag Games
- why is this weird keyboard so good? — Vidéo YouTube par Pinguefy
La vidéo de Pinguefy est très intéressante!