J’ai eu la chance de participer à Devoxx cette année, et voici mon compte-rendu des keynotes du jeudi matin.
Le futur de la robotique personnelle
Cette keynote nous était présentée par Rodolphe Gelin, de la société Aldebaran, créatrice des robots Nao, Roméo et maintenant Pepper. La démarche particulièrement intéressante de cette société consiste à concevoir les robots comme des plates-formes sur lesquelles les utilisateurs pourront choisir les applications qu’ils souhaitent installer, de la même manière que pour nos smartphones. Ceci signifie également que nous pourrions coder un jour le comportement de ces robots et mettre ces applications à la disposition d’autrui à grande échelle.
Ce pouvoir implique une responsabilité pour nous autres développeurs. En effet, les trois lois de la robotique d’Asimov ne sont pas aisées à implémenter, et d’ailleurs, nous avons lu dans Le petit robot perdu et Face aux feux du soleil qu’elles ont leurs limites et qu’on peut parvenir à les contourner. Malgré tout, il faudra veiller à ce que l’utilisation des robots ne provoque pas de dommage, notamment en prenant en compte la sécurité physique (anti-collision, contre les chutes etc.), mais également des informations. Rodolphe Gelin nous a montré des vidéos sur la vision de l’avenir d’Aldebaran, dans lesquelles les robots étaient à l’intérieur des maisons, à l’écoute constante de leur propriétaire pour leur offrir des services (et sur du plus long terme, avec des capacités à comprendre leurs habitudes et réagir à leurs actions). On peut comprendre, dans ces circonstances, l’aspect extrêmement privé des informations auxquelles ils ont accès. Il est par conséquent crucial de protéger toute application contre le piratage et d’avoir une politique irréprochable de protection des données.
La problématique du contrôle des technologies de l’information
Eric Filiol part d’un constat plutôt simple de la tendance évolutive de nos sociétés, portée par les nouvelles technologies de l’information et de la communication : nous étions autrefois dans un modèle très hiérarchique, vertical, et nous tendons de plus en plus vers une société basée sur la collaboration. Parallèlement, nous pouvons faire un autre constat sur le contrôle des technologies de l’information. Les acteurs en étaient à l’origine des passionnés, mus par un idéal, mais ils ont été remplacés par des personnes politiques, qui ne comprennent rien à ce qu’ils font, et dont la seule ambition est le pouvoir. Le résultat est que nous glissons très graduellement vers une cyberdictature dans tous les pays du G20. Il y a bien quelques personnes qui tentent de nous alerter sur cette situation, la plupart du temps ce sont des codeurs, comme par exemple Snowden, mais les réactions sont assez faibles.
Eric Filiol nous lance alors cette phrase forte : va-t-on rester des veaux connectés ? Les dictatures ne peuvent en effet se mettre en place que grâce à la passivité des citoyens. L’histoire est imprédictible, et un scénario de l’espoir est toujours possible, dans lequel le respect de la vie privée deviendrait une priorité, la séparation des pouvoirs à nouveau garantie par le juge d’instruction.
En conclusion, Eric Filiol nous rappelle que l’espionnage de ses propres citoyens est un aveu de faiblesse de l’État. Nous, en tant que développeurs, nous avons la responsabilité de ne pas laisser dans nos applications des vulnérabilités exploitables par les services de renseignement.
Reading and Writing in 20 Years
Dan Allen a commencé sa keynote par des images de la grotte Chauvet, la plus ancienne trace d’information laissée volontairement. Il souligne que cet art pariétal, qui a traversé les siècles, reste compréhensible par nous, grâce à sa forme picturale. C’est un ordre de grandeur immense par rapport à ce que nous produisons. Depuis très peu de temps, la majorité des informations restent virtuelles, alors qu’il y a encore quelques dizaines d’années, même si on utilisait l’outil informatique pour écrire du texte, la finalité était encore l’impression. Aujourd’hui, publier ses écrits sur le web (comme ce que je fais actuellement) ne coûte quasiment rien, et le support papier est en régression. D’ailleurs, certains formats imaginés encore dans une optique d’impression, comme le PDF, seront moins utilisés. L’information, actuellement, doit pouvoir s’adapter à plusieurs supports, pour que le lecteur y ait systématiquement accès dans de bonnes conditions, indépendamment de l’outil qu’il utilise pour lire (tablette, mobile, grand écran). Il est vraiment important de réfléchir aux formats actuels que nous utilisons, qui doivent être ouverts et ne pas nous limiter.