Source : Le Journal du Net le 28 avril 2014 par Geoffray Gruel
Cette chronique dresse une analyse mythes et réalités suite à la guerre des prix du Cloud lancée en avril 2014. Et remet en perspective le poids relatif du prix quand il s’agit de choisir une infrastructure d’hébergement pour une entreprise française.
Ça y est… c’est parti, avec dans l’ordre, Google puis Amazon puis Microsoft (pardon Azure) qui ont lancé des baisses de prix massives, ces dernières semaines (Voir article JDN). Cette guerre des prix pourrait ressembler à la guerre des prix des Telecoms sauf qu’elle est globale et qu’elle est orchestrée par les plus grosses capitalisations de la planète. Voici une rapide analyse mythes et réalités, adaptée à notre contexte français, par un infogéreur “normal” qui utilise de l’hébergement (Telecity, OVH, Jaguar, OBS,…) et du cloud (Amazon, CloudFoundry, Heroku, Outscale,…) pour construire et administrer les systèmes critiques de ses clients.
Mythes
- “Tous les hébergeurs vont se lancer dans la guerre des prix” : Non, Rackspace et Softlayer ont déjà annoncé vouloir proposer plus de services pour le bon prix. Le marché va donc se segmenter entre des vendeurs “volume” (équivalent Toyota dans l’industrie automobile) et des vendeurs “valeur” (équivalent BMW dans l’industrie automobile)…avec des niveaux de service et de SAV différents…
- “Les hébergeurs n’ont pas de services, ils alignent des machines et des datacenters” : Non, Rackspace a “offert” le IaaS OpenStack à la communauté pour en faire un standard de l’industrie. Ces hébergeurs ont une forte valeur ajoutée.
- “C’est pour le bien du client” : Non, les 3 mastodontes veulent prendre des parts de marché afin de capter des clients et les garder très très longtemps….Pour Amazon, en particulier, ça ressemble au business de la distribution où, à coups de “dumping”, les parts de marché augmentent, ce qui tue la concurrence, et permet à moyen terme de remonter les prix.
- “C’est la fin des Clouds français” : Oui les “champions publics” du “cloud public” sous perfusion de subventions vont souffrir. Par contre les vrais clouds en production montés par des professionnels chez OVH ou chez Outscale ont de beaux jours devant eux (qualité, sécurité, localisation des données, contrats, SLAs…).
Réalités
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“Les prix étaient trop chers” : Oui aux US où le hosting (hébergement) et le managed hosting (infogérance) sont traditionnellement chers. Par ricochet le prix du Cloud a été fixé sur le prix du hosting US et donc à tarif élevé. Encore plus en France où OVH est traditionnellement un hébergeur “low-cost” qui concurrence directement les pure-players du Cloud public. Conséquence en benchmark Cloud public vs Hébergement “traditionnel”, les offres Cloud sont régulièrement éliminées par le facteur coût.
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“Le prix est le frein à l’adoption du Cloud” : Non, du moins en France, le frein principal à l’adoption du Cloud (en entreprise) c’est le manque de compétences pour monter des infrastructures Cloud qui répondent aux besoins métiers et les administrer. Chers DSI, investissez d’abord dans vos compétences, elles seules vous aideront à faire les bons choix.
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“Le prix est le facteur principal de choix d’un fournisseur de Cloud” : Non dans la plupart des cas ce sont les services offerts et les contrats qui drivent les choix.
Et cela en en fonction des besoins :
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La haute-disponibilité : Oubliez les clouds publics et montez un cloud hybride (privé + public). Vous aurez les SLAs sur le privé et l’élasticité sur le public (vu récemment pour le Téléthon en UK avec le PaaS Cloudfoundry distribué entre un datacenter classique et AWS).
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La localisation des données : Oubliez les mastodontes et tournez vous vers un hébergeur classique ou un cloud français type Outscale avec un contrat complet et des SLAs.
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La mise en ligne continue d’applications et services : Heroku est dans ce cas le champion du PaaS avec des déploiements d’applications “standards” en 3 clics. Vous pouvez aussi monter ce type de PaaS dans votre infrastructure maintenant.
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Un entrepôt Hadoop : Foncez chez Amazon ou Azure, ils ont baissé de 50 % leurs prix et vu le coût élevé d’administration d’Hadoop en interne faites confiance à des pros.
La conclusion reste simple et pragmatique : le prix est un élément clé dans vos choix d’infrastructures, au même titre que les services, la pérennité, les contrats, les compétences, la réversibilité,….La bonne nouvelle étant que dans nos futurs benchmarks le prix des offres Cloud ne devrait plus être rédhibitoire….