Ubuntu, le gagnant discret du Cloud Computing

Le Cloud Computing, tout le monde en parle, et une simple recherche sur Google vous donnera des centaines de sociétés qui sont toutes “leader” dans ce domaine… De même, tous les ans depuis 2000, on nous promet “l’année de Linux”

Et pourtant, sans qu’on s’en rende vraiment compte, c’est Ubuntu, une distribution Linux à la base orientée “Desktop” et “simplicité d’utilisation”, qui est en train de remporter le marché du Cloud Computing.

Aujourd’hui, Ubuntu est l’OS le plus utilisé sur Amazon EC2. Et cette utilisation est en pleine croissance. Selon Cloud Market, l’une des rares sources permettant d’avoir des statistiques d’utilisation, Ubuntu est leader depuis 2009, et sa courbe d’utilisation est en plein envol. Si vous fouillez un peu ces statistiques, rappelons que “Alestic.com” fournit en fait sa propre image d’Ubuntu, et qu’il faut donc additionner les statistiques d’Alestic.com à celles de Canonical. Et Redhat, ou “Oracle Enterprise Linux”? Ils sont en quantité négligeables! Quand à Windows, il est plutôt à la traine.

Comment cela s’est il produit?

La première raison est qu’Ubuntu a commencé sa percée sur les postes de développeurs: dans la communauté Eclipse, le sondage d’utilisation de 2010 annonçait déjà la victoire d’Ubuntu: 18,3% des développeurs utilisaient Ubuntu, et l’utilisation de Linux était en pleine explosion. Or, aujourd’hui, les développeurs ont une influence de plus en plus grande sur ce qui va être utilisé en production: c’est exactement le même phénomène qui a poussé Spring à être prépondérant aujourd’hui, un phénomène expliqué de manière amusante dans cette présentation de RedMonk.

D’autre part, Ubuntu s’est positionné très tôt sur le marché du Cloud Computing, avec leur accord avec Eucalyptus. C’est l’avantage du premier entrant, et aujourd’hui Redhat ou Oracle ont du mal à rattraper leur retard.

Enfin, bien entendu, le coût est une donnée importante: les images d’Ubuntu sont gratuites, et les entreprises vont d’abord sur le Cloud pour réduire leurs coûts. Bien entendu, sur le long terme cela pose l’éternel problème de la monétisation des produits Open Source, surtout ceux d’excellente qualité: nous avons là un OS quasiment impossible à planter ou à pirater, sur des machines que l’on peut réinstaller en un clic. Pourquoi alors payer pour du support?

Et le cloud privé?

Les statistiques utilisées ici viennent d’Amazon EC2, qui est de très loin le leader du cloud privé (voir par exemple cette analyse de RedMonk). Au niveau du cloud privé, typiquement avec VMWare, les choses sont en fait très discrètes. Parmi les utilisateurs français de VMWare, nous voyions chez nos clients une utilisation prépondérante de Redhat. Mais il ne s’agit pas là d’une alliance voulue entre Redhat et VMWare: les deux géants s’affrontent sur le terrain de la virtualisation et des serveurs d’applications (chacun ayant sa propre solution).

C’est pour cette raison que VMWare a tenté de racheter récemment Suse: une bataille importante c’est jouée avec le rachat de Suse par Attachmate. Attachmate, une société que personne ne connait dans ce domaine, et dont la rumeur veut qu’elle soit financée en réalité par Microsoft (grand concurrent de VMWare, et qui aurait réussi là un très beau coup).

Au final, les machines vFabric utilisent donc si possible des serveurs Ubuntu: par exemple, les plateformes fournies pour le challenge USI 2011 par VMWare étaient sous Ubuntu.

On peut donc penser que, sur le long terme, Ubuntu va également envahir les cloud privés.

Mais Ubuntu est-il une si bonne plateforme?

Ubuntu est une plateforme tout à fait correcte pour la production, si on la compare aux autres distributions Linux.

Comme souvent, Ubuntu nécessite pas mal de tuning pour pouvoir tourner de manière optimale (enlever le Swap si vous faites du Java, augmenter le nombre de file descriptors, etc…). De même, il n’y a pas de fioritures pour le firewall (on utilise iptables tout bêtement) ou pour installer un service (pas de chkconfig comme sous Redhat). Un Linux simple et sans surprises, en quelque sorte.

On retiendra donc deux avantages principaux:

  1. Les performances: on arrive facilement à une machine bootant en moins de 20 secondes, et consommant par défaut moins de 128 Mo de RAM
  2. C’est une plateforme facilement utilisable pour les développeurs sur leurs postes: cela permet donc d’avoir moins de risques lors d’une mise en production (c’est toujours mieux de développer dans un environnement proche de la production)

Vite, testons Ubuntu!

Ubuntu est donc connu comme un OS “grand public” sur le desktop, mais il est surtout en train de devenir l’OS incontournable du Cloud Computing. Ce qui fait qu’il est important de s’y intéresser. Pour avoir un premier aperçu d’Ubuntu server sur Amazon EC2, Canonical vous permet justement de l’essayer gratuitement, alors vous n’avez plus d’excuse pour ne pas démarrer!