Retour sur le Scrumday

C’est dans le somptueux centre de conférence de Microsoft à Issy-les-Moulineaux que s’est tenu, jeudi 31 mars, le Scrumday.

Cet événement organisé par le French Scrum User Group regroupait de nombreux conférenciers prestigieux autour de thèmes liés à l’agilité en général et l’approche scrum en particulier.

Outre Microsoft (dont l’apport dans le domaine de l’agilité n’est plus à démontrer avec l’invention de concepts innovants pendant les années 90 comme le Vaporware  ou le Customer Debugging), de nombreux sponsors d’horizons très divers supportaient cette journée dont Ippon Technologies, sponsor platinium de la journée.

Le Stand Ippon au Scrum Day

Notre présence ne s’arrêtait pas là puisque Bertrand Pinel, directeur technique de la société comptait parmi les Speakers avec sa présentation “Mode forfait et méthode Scrum”

Scrum et forfait

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J’ai beaucoup apprécié cette journée hors de la technique qui m’a permis de remémorer ma formation Scrum de l’année dernière. N’ayant pas pris beaucoup de notes, je ne vais pas vous faire un récit dans le détail, mais vous donner un ressenti sur les différentes conférences auxquelles j’ai assisté.

Pour bien faire les choses j’ai raté un grand bout de la keynote d’introduction à discuter autour du stand Ippon. Dommage, car elle semblait fort intéressante : Harvey Wheaton du bureau de la Scrum Aliance y racontait comment Scrum avait été employé dans de multiples aspects de développement d’un jeu vidéo.

J’ai décidé d’être un peu plus studieux pour la suite et me suis rendu dans l’atelier “Marshmallow Challenge” animé par Pierre Neis pour la session suivante. J’ai passé un bon moment a me prêter au jeu au sein d’une équipe de 4 personnes. L’exercice consistait à utiliser 10 spaghettis, 1 mètre de ficelle, 1 mètre de scotch pour monter la plus haute tour sur laquelle jucher un marshmallow en moins de 18 minutes. Mon groupe s’est lamentablement vautré et les vainqueurs ont monté un édifice d’un peu moins d’un mètre qui s’est écroulé peu après le passage du jury.

Une bien belle tour pour un marshmallow

Cet exercice constitue une bonne entrée en matière pour introduire le côté itératif de la démarche agile ainsi que les vertus de l’échec. Il a été soumis à pas mal de gens dans le monde et statistiquement ce sont les architectes (ceux qui font des maisons) et les enfants de maternelle qui ont les meilleurs résultats.

Toutes les informations sur ce jeux se trouvent sur le site dédié : http://marshmallowchallenge.com

J’ai ensuite assisté à la conférence de Véronique Messager : “Devenez le coach de votre équipe agile”. Rien de révolutionnaire pour moi dans cette présentation, si ce n’est le discours assez insistant sur le développement personnel et sur les compétences nécessaires pour remplir le rôle de coach agile :

  • psychologie
  • empathie
  • diplomatie.

Des talents qui ne sont traditionnellement pas du tout mis en avant dans nos métiers de l’IT voir totalement niés dans certaines grosses sociétés. Ca m’a donné un nouvel éclairage sur les raisons de l’échec du passage à Scrum dans certaines organisations ou groupes qui ont fait une croix sur un ensemble de valeurs humaines pour faire de la rentabilité à cours terme.

Ma conférence préférée fut sans conteste la suivante : “Lorsque quelque-chose empêche Scrum de fonctionner”. Alexandre Boutin, nous y a fait des retours d’expérience assez croustillants sur des plantages de projet Scrum. Sa présentation était articulé autour de 12 thèmes ayant chacun un prix et un nombre de slide.

Demandez le programme pour un worst case

L’orateur a commencé la conférence par distribuer des billets de 100 Agile-Euro et les gens devaient s’associer pour acheter un sujet, plutôt sympa comme jeu. Apparemment, Boutin utilise ce même jeu dans des circonstances plus sérieuses, pour amener des décideurs à “acheter” la planification des projets IT de l’année à venir. Intéressant.

Quoiqu’il en soit les 4 sujets achetés nous ont tous ramené aux mêmes problématiques :

  • L’humain
  • La confiance
  • La transparence
  • Le partage de la vision et des objectifs.

Il est quasiment impossible de retranscrire ces quickies, néanmoins, la case “projet impossible” nous a permis d’entendre l’histoire suivante que je trouve riche d’enseignement :

Un jour, un consultant rencontre un grand ponte de l’agile, Ken Shwaber et lui dit :
“j’ai 9 mois pour mener un projet hyper critique et politique qui en demande manifestement le triple. Comment tirer le meilleur parti des méthodes agiles sur ce projet ?”

Ce à quoi Ken Shwaber répond :

“Ne fais pas de l’agile, fait le en waterfall classique.
– Mais pourquoi, toi un grand évangéliste de l’agile, me propose-tu d’avoir recours à du Waterfall ?
– Parce qu’en agile, on verra au bout d’un mois que ton projet ne pourra pas tenir les délais, alors qu’en Waterfall l’information n’émergera qu’au bout de 7 mois. Tu auras donc plus de temps pour te trouver un nouveau job”

Je vous invite à guetter les prochaines interventions de ce coach agile, parce que ça vaut vraiment le coup de le vivre en live.

J’ai ensuite enchaîné avec un retour d’expérience très vivant de deux consultants d’Octo Technologies sur l’utilisation de Scrum sur un projet court en environnement corporate. Le récit était bien ficelé, mais malheureusement, je suis resté un peu sur ma faim concernant les bonnes pratiques puisque le projet décrit s’est plutôt planté. Les erreurs sont riches d’enseignement (phrase souvent entendu pendant la journée), certes, mais bon, avoir quelques retours positifs ne fait pas de mal non plus.

Je dois avoué que la keynote de clôture par Ken Shwaber (fondateur de scrum.org) via Skype ne m’a pas laissé un grand souvenir par sa forme un peu morne et académique. Elle m’a cependant conforté dans l’idée que les difficultés à promouvoir Scrum en France sont aussi pas mal lié à un problème culturel où la minimisation des risques reste bien souvent un objectif plus important que la réussite d’un projet.

En conclusion, si cette journée ne m’a pas livré des révélations sur l’agilité et Scrum, j’ai tout de même énormément apprécié de voir autant d’intérêt autour de ces pratiques (ai-je dis que toutes les conférences ont fait salle comble ?) et de constater que bon nombre d’organisations aujourd’hui ont intégré ou sont en train d’expérimenter Scrum et adoptent par conséquent une attitude plus respectueuse de l’humain et radicalement tournée vers la qualité de leurs projets.